shuufleur93: (Default)
Shuufleur ([personal profile] shuufleur93) wrote2024-10-17 12:12 am

[Fanfic] Coquillages et crus(h)tacés

Titre : Coquillages et crus(h)tacés
Fandom : Chicago Fire
Nombre de mots : 8 766
Type : OS
Rating : General Audiences
Relationships: Sam Carver/Blake Gallo
Tags additionnels : Violet Makami Cameo, Darren Ritter!Matchmaker, Getting Together, Fluff, Mutual Pining, Not Actually Unrequited Love, Happy Ending
Résumé :
Quand Blake l’invite à passer leur journée de repos à la plage, Sam n’avait pas pensé que ça deviendrait une torture de rester si près de lui sans pouvoir l’embrasser ou le toucher. Si, au moins, il pouvait lui avouer le béguin qu’il avait pour lui sans craindre de briser leur amitié qui lui semblait maintenant très fragile. C’était sans compter sur Ritter qui ne voulait que le bien de son meilleur ami.
Notes : Cette petite fic a été écrite pour le jour 1 - Plage/Océan de la semaine de l'été du Petit Sancho de l'écriture.
Elle remplit aussi la case Heart du 100 Fandoms Challenge et la case Sand du 100 Ships Challenge.
Lien AO3 : Coquillages et crus(h)tacés

Blake fit tomber un sac sur la table. Sam lui lança un regard interrogatif au-dessus de son livre.

— Qu’est-ce que c’est ?

Gallo avait cette petite étincelle dans les yeux qui ne promettait jamais rien de bon, et ça rendit Sam plus qu’intéressé par sa proposition.

— Violet, Ritter, et moi avons décidé d’aller à la plage après le service, alors je me suis dit que t’allais aussi venir.

Sam souffla du nez pour masquer son rire.

— Ah oui. Comment est-ce que tu peux être sûr que je viendrai ? Et qu’est-ce que t’as là-dedans ?

Sam referma son livre pour se pencher vers la table, curieux de voir le contenu du sac. Blake leva les yeux au ciel mais ne se laissa pas démonter par l’air moins enthousiaste de Sam. Ce dernier avait bien entendu envie d’y aller, surtout si Gallo y était aussi, mais il avait envie de le faire marcher un peu.

— Fais pas ton minot. Darren doit acheter des bières, Violet va prendre la bouffe, et moi j’ai tout ce qui est ballons, raquettes, etcétéra.

Il ouvrit le sac, et effectivement, il y avait tout un attirail pour jouer sur la plage : un ballon de volley, des raquettes de badminton avec les volants, et des foulards avec un ballon de football américain.

— Eh ben, tu ne lésines pas. T’as prévu de nous tuer par l’effort ?

— Un pompier comme toi ne devrait pas avoir peur d’un peu d’exercice.

Blake osa lui faire un clin d’œil joueur qui ne fit que réveiller les satanés papillons dans le ventre de Sam.

— Je n’ai pas mon maillot de bain, répondit Sam en croisant les bras, essayant de garder une expression impassible.

Le sourire et les épaules de Gallo retombèrent comme un soufflé au fromage sorti trop tôt du four et il eut une expression de chiot perdu. Sam faillit lui demander de ranger cette expression. C’était son arme ultime, et maintenant que son coéquipier ne lui tapait plus sur les nerfs comme au début, Sam se retrouvait de plus en plus faible face à ce regard. Une faiblesse qu’il essayait de cacher tant bien que mal ces dernières semaines. Et c’était une nouvelle chose qu’il ne voulait pas révéler à Blake.

— Tu pourras faire un tour chez toi, proposa Blake avec espoir. Et si tu veux faire une sieste, tu peux aussi ! Tu peux nous rejoindre plus tard si tu préfères. (Un silence, puis :) Mais si tu ne veux vraiment pas, c’est pas grave, c’était juste une proposition. Tu n’as pas à accepter.

Il lui lança un sourire qui se voulait joyeux mais même Sam sentait la déception émaner du jeune homme.

Qu’il était impossible, celui-là !

— C’est bon, je viens, arrête de faire ton malheureux.

Le sourire que Blake eut en retour, un mélange de satisfaction et de contentement sincère, ajouta un peu plus d’envie chez Sam qu’il dût réprimer s’il ne voulait pas céder à la tentation de lui prendre le visage et lui planter un baiser ici, à la caserne et devant tout le monde.

C'était une bonne chose que Kidd s’installe à côté de Mouch ; ça lui permettait de tuer cette envie inopportune dans l'œuf.

— Super ! Tu me dis quand t’y seras. Je pense y aller pas longtemps après la fin du service mais—

Tout d'un coup, l’alarme retentit dans le bâtiment avant qu'il ne puisse finir sa phrase, rapidement suivie de l’annonce d’un accident de chantier. Immédiatement, tous les pompiers et les paramédics de la caserne lâchèrent leurs activités sans attendre et s’élancèrent vers leurs véhicules.


Sam tapota sur le volant, se demandant encore une fois pourquoi il avait accepté l’invitation de Blake. Il était encore relativement tôt dans la journée, il n’y avait pas foule à la plage pour l’instant. Blake lui avait envoyé un message et une photo de l’emplacement qu’ils avaient choisi et Sam avait réussi à trouver une place de parking pas très loin. Alors que les minutes défilèrent, Sam se décida enfin à quitter son véhicule. Il prit sa serviette, ajusta ses lunettes de soleil sur son nez et fit ses premiers pas sur la plage.

À mesure qu’il s’approchait de l’emplacement indiqué dans le message, son cœur se mit à cogner fort dans sa poitrine et ses mains devinrent moites. Pourquoi était-il si nerveux ? Ce n’était pas comme si c’était la première fois que Blake et lui faisaient une sortie ensemble. C’était même mieux ; faire le tour des bars avec Blake était fun mais dangereux pour la santé mentale de Sam qui devait utiliser toutes ses forces pour ne pas céder à ses envies bourrées et proposer à Blake de passer la nuit avec lui. D’autant plus qu’ils ne seraient pas seuls, et ils ne se mettraient (probablement) pas une mine.

En chemin, une forme allongée qui lui semblait familière attira son attention. Ses joues chauffèrent légèrement quand Sam se rendit compte que c’était bien Blake, habillé d’un simple short de bain bleu et vert, des lunettes ancrées sur son nez, et les cheveux en bataille, immobile sur la serviette. Il avait dû aller se baigner avant que Sam arrive car des gouttelettes avaient élu domicile dans les creux de son torse après avoir laissé des traces sur sa peau.

Sam se figea et se morigéna quand il se rendit compte de ses pensées loin d’être amicales. Blake était son collègue et c’était pas comme s’il ne l’avait jamais vu à moitié nu à la sortie de la douche. Il fallait qu’il se ressaisisse, bon sang !

Avant qu’il ne puisse tourner les talons et s’enfuir, Sam décida de faire comme d’habitude et fonça, tête baissée.

— Gallo ! appela-t-il quand il fut assez proche. Tu fais déjà la sieste ?

Blake tressaillit et se redressa d’un coup sur sa serviette, relevant ses lunettes sur sa tête. Il avait l’air un peu déboussolé puis sourit en voyant Sam. L’envie de le rejoindre le poussa à presser le pas.

— Pas du tout ! s’écria-t-il en s’asseyant, mettant en évidence les muscles qui travaillaient.

Encore une fois, le sourire de Blake fit vibrer les papillons dans son ventre. Sam lui retourna un sourire légèrement prétentieux pour masquer sa gêne (et ses pensées inappropriée) et posa sa serviette à côté et lui offrit sa main pour l’aider à se relever. Blake la prit volontiers.

— Je pensais pas arriver en premier vu le temps que j’ai mis pour rentrer et m’habiller correctement.

— Ah, ça, ouais, fit Blake en haussant les épaules insouciamment. Violet m’a dit qu’elle aurait du retard. Darren devrait arriver bientôt, mais il ne m’a pas précisé quand.

Au moins, il ne semblait pas trop déçu de se retrouver seul avec Sam.

— Ça marche.

Sam déplia sa serviette juste à côté de celle du jeune homme.

— On va nager un peu en attendant ? J’ai bien envie de me rafraichir.

Blake lui envoya un pouce relevé. Alors que Sam se déshabillait, il remarqua que Blake ne s'était pas complètement retourné, même s'il ne pouvait pas prouver que Blake le regardait réellement. Il devait sans doute remercier ses parents de lui avoir donné une peau qui ne rougit pas facilement. Il fallait vraiment qu’il se retire le jeune homme de la tête, d’une manière ou d’une autre s’il voulait survivre cette après-midi qui se profilait difficile pour Sam et son self-contrôle.

— Le dernier qui arrive dans l’eau devra faire les tâches de l’autre pendant une semaine, déclara Sam avant de partir comme une balle vers l’océan.

Il eut juste le temps de voir le regard surpris et légèrement trahi de Blake avant de se concentrer sur la ligne d’arrivée. À peine une seconde plus tard, Blake avait réagi et l’avait presque déjà rattrapé. Sam le savait plus rapide (merci à sa jeunesse) mais ça ne voulait pas dire qu’il allait se laisser faire.

Lorsqu'il arriva à sa hauteur, Sam tenta de le bloquer avec son bras puis de le pousser pour le ralentir mais le jeune homme le vit arriver et en profita pour lui faire un croche-pied. Sam trébucha et Blake le dépassa. Dans un dernier effort, Sam profita de son élan pour le tacler. Il réussit à accrocher la cheville de son coéquipier du bout des doigts mais ce dernier sauta et se débarrassa facilement de la main de Sam. Ce dernier s’écrasa sur le sable et regarda, amusé et un peu blessé dans son estime, Blake courir dans l’eau.

Grand sourire, Blake se tourna vers Sam et s’écria :

— Merci pour la semaine de corvées !

Il lâcha un rire satisfait avant de se submerger complètement dans l’eau et d’en ressortir presque immédiatement. Blake s’ébroua pour retirer l’eau de ses yeux et s’approcha de Sam qui venait juste de le rejoindre dans l’eau.

— C’était pas fair-play, bougonna Sam, faisant mine d’être déçu.

Blake eut un rire vif.

— C’est pas moi qui ai commencé les hostilités, monsieur. Si t’avais pas essayé de me faire tomber, j’t’aurais pas attaqué.

Sam souffla et leva les yeux au ciel, faisant un peu plus rire Blake. Le jeune homme commença à nager, s’éloignant un peu de la plage, et Sam le suivit facilement.

Sam se rendit compte que Blake et lui étaient presque les seuls à nager. Il le regretterait presque. La présence d’autres personnes l’aurait aidé à ne pas trop se perdre dans ses pensées et à éviter de trop rêvasser à ce qui pourrait arriver entre Blake et lui.

C’était pire que le mini béguin qu’il avait eu pour Stella. Avec elle, et si elle n’avait pas été mariée à Severide, ça aurait pu se faire d’une manière ou d’une autre. Mais avec Blake, le fait qu’ils soient tous les deux des hommes rajoutait une couche à cette problématique qu’il ne savait jamais trop comment gérer quand ce n’était pas une aventure d’un soir.

Il pourrait demander à Ritter, bien plus à même de gérer cette situation, mais il n’avait pas non plus envie de vendre la mèche si ce n’était pas nécessaire.

— Carver ? Tout va bien ?

Le visage inquiet de Blake fit irruption dans son champ de vision, et Sam pouvait seulement lui sourire. Ça ne devait pas être un sourire très convaincant car son coéquipier fronça les sourcils et se rapprocha un peu plus de lui.

— Il y a un souci ? Tu veux qu’on sorte de l’eau ?

Blake posa sa main contre le front de Sam comme s’il vérifiait s’il avait de la fièvre. Malgré lui, Sam frissonna au toucher rafraichissant et nagea à reculons pour s’en détacher.

— Je vais bien, ne t’inquiète pas.

Blake resta une ou deux secondes de plus avec la main en l’air avant de la rabaisser, l’air peu convaincu.

— OK, répondit-il finalement. Allez, nageons encore un peu. Violet et Darren ne sont pas encore arrivés.

Sam était un peu étonné que Blake n’insistât pas plus. Il n’était pas franchement connu pour laisser tomber aussi facilement. D’un autre côté, Sam devrait se considérer chanceux que Blake abandonne si vite.

(Il se méfia quand même.)

Ils nagèrent encore quelques minutes ensemble jusqu’à ce que Blake lui saute dessus par-derrière et lui enfonce la tête dans l’eau. Quand Sam remonta, le son clair du rire Blake l’accueillit. Il ne pouvait même pas se mettre en colère.

— Tu joues à un jeu dangereux, menaça Sam avant d’avancer pour se saisir de Blake.

Ce dernier l’éclaboussa pour le bloquer et mit de la distance entre eux.

— Pas si tu ne m’attrapes pas.

Un sourire étirant ses lèvres, Sam s’élança à la poursuite de Blake dans l’eau. Il réussit à le rattraper dans un moment d’hésitation de la part du jeune homme et lui enfonça la tête sous l’eau en rétribution. Mais bien entendu, ça ne s’arrêta pas là ; à tour de rôle, Blake et Sam se poussèrent sous l’eau, s’éclaboussèrent et se poursuivirent au milieu des autres baigneurs. Sam s’amusait tellement qu’il en oubliait presque que Blake n’était que son collègue et son ami.

La petite bagarre amicale fut brisée quand la voix de Violet les appela depuis la plage. Les deux hommes allèrent à sa rencontre, haletant et encore sous le coup des rires.

— Je vois que ça s’amuse par ici, commenta-t-elle avec une expression amusée, réajustant la bretelle d’un de ses sacs sur son épaule. Darren est en train d’apporter la glacière.

— C’est pas de notre faute si vous n’étiez pas là. On devait bien s’occuper ! s’écria Blake avec un grand sourire.

Avant qu’elle ne puisse réagir, il prit Violet dans ses bras, encore trempé

— Roh, mais t’es mouillé, se plaignit Violet en se libérant de l’étreinte de Blake, une grimace sur le visage.

Même s’il savait qu’il n’y avait plus rien entre eux, Sam ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de jalousie.

— Fallait arriver avant qu’on aille dans l’eau, répondit le jeune homme avant que son attention soit happée par quelque chose et qu’il s’en aille sans attendre de réponse.

Violet et Sam le regardèrent partir, perplexes. Puis Violet soupira sans méchanceté et se tourna vers Sam.

— Blake, hein ? fit-elle d’un ton neutre, puis pensif, je ne pensais pas que tu viendrais, d’ailleurs.

— Et pourquoi ça ?

Elle haussa les épaules, un petit sourire en coin.

— Je pensais que tu étais plus bar que plage.

— Je peux aussi apprécier une bonne plage de temps en temps. Je passe pas ma vie dans les bars.

Peut-être qu’il avait été plus sec qu’il ne l’avait voulu, mais il n’aimait pas le sous-entendu. Violet fronça légèrement les sourcils, les lèvres pincées. Il allait s’excuser quand Violet préféra s’en aller elle aussi.

Bien joué, Sam. Comme toujours.

Blake et Ritter venaient de déposer la glacière au niveau des serviettes, ce qui décida Sam à les rejoindre. Il y avait maintenant un peu plus de monde, entre les vacanciers et les travailleurs du coin qui profitaient de la plage le temps de leur pause déjeuner.

— Vous voulez que j’aille chercher un parasol ? demanda Ritter en faisant un signe vers le parking. Je me suis dit que je pouvais en apporter un au cas où.

— Vas-y, vas-y, j’ai oublié de prendre le mien, répondit Blake.

Violet avait posé sa serviette à côté de celle de Blake avant de commencer à déballer son sac : des tupperwares, des sacs en papier, des assiettes et des couverts.

— Woah, tu nous as pris un festin pour ce midi ! s’écria Blake en tendant une main vers un des tupperwares.

Violet lui donna une gentille tape sur la main avant de reprendre le tupperware pour le mettre hors de portée. Blake fit la moue, ce qui amusa Sam. Le jeune homme le remarqua et en rajouta avec un gros soupir prétendument malheureux.

— Si méchante.

Violet leva les yeux au ciel.

— C’est ta punition pour m’avoir mouillée. Tu peux bien attendre pour manger.

Ritter revint à ce moment-là avec le parasol qu’il planta le plus au centre possible pour que tout le monde puisse profiter de l’ombre. Il avait lui aussi amené son sac d’où il sortit une serviette. Puis, il ouvrit la glacière, pendant que Violet leur montrait ce qu’elle avait apporté.

— C’est toi qui as tout préparé ? demanda Sam, impressionné qu’elle eût le temps d’aller faire les courses et préparer le reste.

— Bien sûr, répondit Violet, un peu vexée, je n’allais pas venir avec des repas tout faits.

— Désolé…

Peut-être qu’il devrait juste se taire à partir de maintenant.

— Hé, il ne pensait pas à mal, intervint Blake. Il est juste impressionné, hein, Carver ?

— Oui, oui, bien sûr. Je ne m’attendais pas à tout ça, c’est tout. C’est la première fois que je fais ça avec vous.

Violet sembla accepter sa justification et se détendit quelque peu.

— Désolée, fit-elle avec un sourire contrit. Je suis un peu sur les nerfs.

— Journée difficile ?

Violet fit la grimace, mais cette fois-ci, Sam compatissait.

— Il y a des journées comme ça. Mais n’en parlons pas ! (Elle claqua ses mains sur ses cuisses.) On est là pour se détendre et je n’ai pas envie de parler boulot.

Une pause, puis :

— Je suis contente que tu sois venu, Carver.

— Vraiment ?

Violet était l’amie de Ritter et de Blake, mais Sam et elle, ce n’était pas la même chose. Il lui arrivait même de se demander si l’histoire avec Stella ne lui avait pas porté préjudice, comme Violet et Stella étaient proches. D’un autre côté, il connaissait assez bien Stella pour savoir qu’elle ne l’aurait sûrement pas révélé à d’autres à part si c’était impératif.

— Vraiment, sourit Violet. Stella a l’air de bien t’apprécier, et Gallo ne semble pas être capable de dire une seule mauvaise chose à ton propos, ça en devient presque énervant.

— Désolé.

Mais il souriait lui aussi. Il n’était pas au courant que Blake parlait de lui à Violet, et malheureusement, cette petite information fit battre son cœur un peu plus fort.

— Oh hé, arrêtez de parler de moi comme si je n’existais pas, intervint Blake, faussement en colère, mais son expression le trahissait.

— On peut commencer à manger ou on va rester là à se regarder dans le blanc des yeux jusqu’à ce soir ? demanda Ritter, un sourcil relevé.

— Allez, allez, servez-vous, fit Violet en réaction.

Les hommes ne se le firent pas dire deux fois : Blake se saisit en premier du tupperware avec le saucisson, pendant que Ritter préférait les petits sandwiches dans un autre. Sam, lui, commença à picorer dans le tupperware avec les tomates cerises.

— D’ailleurs, en fonction de ce que vous voulez faire après, on va peut-être devoir se déplacer.

Pour aller chercher un sandwich, Blake dut se rapprocher de Sam, et même après qu’il récupéra ce qu’il voulait, il resta proche de lui. C’était presque la pire torture que son coéquipier pouvait lui faire subir sans le savoir.

L’avoir à proximité et à moitié nu était une réelle épreuve pour son self-control. Dès que Blake allait piocher dans un nouveau tupperware, son épaule effleurait celle de Sam. Ce dernier dut plusieurs fois se mordre la langue pour ne pas sortir des remarques déplacées ou des propositions indécentes.

— Qui veut des bières ? proposa Ritter en ouvrant la glacière.

Trois mains se levèrent en même temps. Ritter secoua la tête, amusé, avant de distribuer les bières. Pendant quelques minutes, ils mangèrent et burent en silence.

— On est bien silencieux, remarqua Blake quand le silence se fit un peu trop long.

— Je crois que notre journée nous rattrape, dit Ritter. On pourrait se poser un peu avant de commencer la torture de Blake.

— Je vote pour la sieste, proposa Violet par-dessus la protestation du jeune homme.

— Oh, allez, les gars, un peu de nerfs ! s’écria Blake.

— Tu peux y aller si tu veux, mais moi, je fais la sieste, répondit Ritter en continuant de manger tranquillement.

— Je viendrais avec toi, annonça Sam.

Le regard et le sourire de Blake furent suffisants pour le convaincre qu’il avait pris la bonne décision, même s’il n’aurait pas dit non à une sieste.

— Voilà quelqu’un qui a la niaque.

— Tu parles aussi de quelqu’un qui passe des nuits presque blanches au bar et se pointe pour son service deux heures plus tard, fit Violet, pince-sans-rire.

Elle lui lança un regard d’excuse en finissant sa phrase. Sam ne se sentait pas insulté, il ne pouvait pas vraiment le nier qu’il avait effectivement fait ça plusieurs fois par le passé.

— Pas faux, répondit-il.

— Pfff, vous êtes juste faibles, rétorqua Blake joueur. Allez, viens, on va laisser ces paresseux entre eux. Nous, on va s’amuser.

Blake se leva, prit le sac avec l’équipement sportif et s’en alla, assuré que Sam le suive sans question.

— Bonne chance, chantonna Ritter avec un grand sourire alors qu’il s’allongeait sur sa serviette, il a l’air d’être en forme.

Violet ricana dans sa main et fit de même.

— Ça vous dérange si je prends la glacière avec les bières ?

— Laisses-en deux, s’il te plaît, demanda Violet.

Sam obéit avant de s’élancer à la poursuite de Blake avec son cargo. Il avait déjà quelques mètres sur lui, et Sam dut presser le pas pour le rattraper.

— T’as l’air d’être en mission, Gallo, qu’est-ce qui se passe ?

Blake tourna la tête vers lui, un regard rapide vers la glacière avant de remonter vers le visage de Sam.

— J’ai juste envie de bouger, pas envie de faire la sieste.

— Je me demande si avoir pris les bières était une bonne idée…

— La meilleure ! s’écria Blake avec un grand sourire.

Même si ce sourire aurait dû le rassurer, Sam commença à s’inquiéter. Blake semblait un peu trop plein d’énergie cette après-midi, même s’il n’était pas connu pour rester oisif plus de quelques minutes. Peut-être qu’il arriverait à lui faire cracher le morceau après quelques volées sportives.

— Qu’est-ce que tu veux faire en premier ? Volley ? Bad ? Flag ?

Blake s’était arrêté devant la zone « terrains » de la plage. Les quelques filets de volley qui avaient été montés pourraient être aussi utilisés pour le badminton.

— On peut commencer par le bad. Le volley et le flag seraient plus drôles à plusieurs.

Blake eut l’air de réfléchir.

— OK. Faisons ça.

Ils choisirent un terrain libre et s’y installèrent.

— Je dois te prévenir, je suis un as du badminton, annonça quelque peu solennellement Sam en brandissant sa raquette vers Blake.

Il ne vit que des sourcils incrédules se lever derrière les lunettes de soleil.

— Ah oui.

— T’as l’air de douter.

— Disons que c’est souvent les beaux parleurs… qui ne sont que des beaux parleurs. J’espère que tu seras à la hauteur.

Sam secoua la tête.

— Je te plains par avance. Tu connais pas encore la puissance Carver sur le terrain de badminton.

— Au lieu de parler, joue et prouve que tu es le meilleur, Carver.

Sam se mit en place et attendit que Blake serve. Les premières volées commencèrent plutôt gentiment, les deux hommes testant un peu la force, la vitesse et les réflexes de l’autre. Quand ils comprirent qu’ils pouvaient aller un peu plus fort, une bataille se déclencha… en toute amitié, bien sûr.

Service après service, smash après smash, les volées accompagnées du swak du volant sur la raquette donnaient le rythme au match. Malheureusement pour Sam, Blake était bien entendu tout aussi athlétique, si ce n’était plus. À la fin du premier set, Blake menait de deux points, même si Sam se battait comme un diable. Malheureusement, Blake réussit à gagner ce set. Ce dernier leva les mains en l’air en signe de victoire, alors que Sam se laissa tomber sur le sable, encore haletant, transpirant et recouvert de sable.

— OK, OK, je vois comment tu joues, fit Sam en soufflant pour reprendre sa respiration. Bien joué, Gallo, mais pense pas que j’vais en rester là. T’as peut-être gagné le set mais tu gagneras pas le match.

— Qui était beau parleur, déjà ? rétorqua Blake, en mettant sa main derrière son oreille comme s’il essayait d’entendre ce que disait Sam. Je suis un peu déçu, franchement. Je m’attendais à vraiment affronter la puissance Carver. Et tout ce que j’ai pu voir…

Blake haussa les épaules, faussement dédaigneux.

— Ne sois pas trop déçu, répondit Sam après s’être relevé. Tu ne perds rien pour attendre.

— Joue au lieu de parler !

Sam ne se fit pas prier et lança le deuxième set avec son service. Tout comme le premier set, il fut tout aussi serré, mais Sam avait maintenant quelque chose à prouver. Il ne pouvait pas laisser Blake gagner. En soi, il n'avait rien à prouver. Blake le connaissait assez bien après tous ces mois à se côtoyer (même avec un début houleux), mais sa fierté ne voulait pas le laisser tranquille. Il se devait de défendre son propre honneur.

Sam dut batailler un peu trop longtemps mais il arriva enfin à remporter le deuxième set au bout de très longs échanges. Il se mit à rire en voyant la tête de Blake, incrédule par le dernier renvoi qu’il venait de faire.

— Impressionnant, fit Violet en buvant une bière sur le côté. Je ne te savais pas aussi fort au badminton.

Blake et Sam avaient sursauté à sa voix, n’ayant pas remarqué qu’elle était arrivée.

— Depuis quand t’es là ?

— Depuis qu’on a fini notre sieste, répondit Ritter laconiquement. On a apporté un peu de nourriture si vous voulez.

Blake et Sam échangèrent un regard et se mirent d’accord tacitement pour faire une petite pause.

— Juste de l’eau, on va finir ce set et on mangera après.

Violet se mit à rire mais Ritter hocha la tête solennellement et distribua la gourde avec l’eau.

Blake but en premier puis la passa à Sam, qui dut se reprendre un peu. Ce n’était pas la première fois qu’ils partageaient une bouteille alors pourquoi est-ce qu’il avait l’impression d’embrasser Blake indirectement ?

Parce que ton béguin pour lui devient incontrôlable.

Sam appuya le goulot contre ses lèvres un peu brusquement et but dans l’espoir de faire disparaitre la petite voix de son cerveau.

— On fait ce set à 15 ? proposa Sam quand il rendit la gourde à Ritter. Comme ça on prend pas autant de temps.

Blake accepta.

— Je vais compter les points, dit Ritter.

— Et moi, je vous encouragerais ! ajouta Violet en frappant dans ses mains. Wouuuhouuu ! Allez Gallo, allez Carver ! Vous allez gagner ou perdre !

À une autre époque, ça l’aurait ennuyé, mais aujourd’hui Sam trouvait ça amusant. Comme quoi, il avait lui aussi évolué.

— Sers, Gallo, invita Sam. Je suis prêt.

Blake lui jeta un regard relativement sérieux comme s’il jouait là sa vie (ou sa fierté).

— Ne crois pas que je vais t’épargner, vieillard.

— Quoi ?

Blake profita de son moment de surprise pour servir avec un smash.

— Ace ! appela Ritter, 1-0 pour Gallo.

— Tu veux jouer à ça, hein ?

Sam relança le volant vers Blake.

— Hm ? Tu t’arrêtes là ? répondit Blake. Je m’attendais à une petite menace. Dis, si je gagne ce match, tu pourrais rajouter une semaine de corvée à la première ? Merci.

— Je comprends mieux pourquoi vous avez mis trois plombs pour jouer si vous discutez pendant trois heures entre chaque point, commenta Violet en sirotant une bière.

— Allez, sers, Gallo ! s’écria Sam.

Point par point, ils s’approchaient inexorablement de la fin du match. Sam n’était pas franchement prêt à ce que ça se termine si vite. C’était encore une fois très serré, et peut-être que Sam essaya de s’arracher autant qu’il le pouvait. Il ne voulait pas perdre contre Blake. Mais le deuxième set l’avait déjà bien fatigué, et il se rendait compte qu’il n’arrivait pas à jouer aussi bien. Même si le jeune homme était plus fatigué qu'avant, il l’était moins que Sam.

Plus ça allait, plus Sam était en retard sur certains coups et en ratait des faciles. Il put rattraper une balle de match, mais le retour d’après le vit plonger dans le sable et rater le volant de quelques centimètres. Makami et Ritter félicitèrent et applaudirent Blake, pendant que Sam essayait de reprendre son souffle et de rassembler son ego brisé sur le sable.

Des pas s’arrêtèrent juste à côté de lui. Sam leva un peu la tête pour regarder Blake. Il portait cette expression qu’il adorait tant ; il avait son petit sourire en coin, ses sourcils légèrement froncés de plaisir. Sam était assez fier d’être l’instigateur de cette expression cette fois-ci, même s’il avait perdu, et pas des plus gracieusement.

— C’était serré, j’ai cru que je n’allais pas gagner, dit Blake en s’accroupissant.

— T’es pas obligé de me caresser dans le sens du poil, tu sais. Je me suis pris une raclée en bonne et due forme.

Voulant respirer un peu mieux et éviter un torticolis à force de regarder Blake dans cette position, Sam se releva. Son coéquipier fut instantanément à ses côtés pour l’aider. Une énième épreuve à supporter alors que les mains fortes du jeune homme l’attrapèrent pour l’aider. Sam maintenant debout, Blake mit une seconde ou deux avant de mettre un peu d’espace entre eux. Pendant ce laps de temps, avec Blake si proche de lui, il lui avait semblé voir quelque chose dans son regard qui lui avait donné envie de se pencher pour gouter à ses lèvres.

— Allez les sportifs, retournons à nos serviettes. À moins que vous préfériez aller dans l’eau pour vous rafraichir.

Blake et Sam se tournèrent vers Makami qui ne les avait pas attendus. Ritter était resté, un regard pensif tourné vers eux (et Sam notamment).

— Peut-être pas tout de suite, répondit Blake en se séparant de Sam, j’ai besoin d’ombre. Et de repos.

Sam se lamenta du manque de proximité avec Blake avant de se reprendre. Il fallait vraiment qu’il apprenne à contrôler ses émotions. S’il arrivait à ressentir ça ici, alors qu’ils étaient de repos, il n’aimait pas imaginer perdre les pédales quand ils seraient en intervention. Et si Sam se déconcentrait et mettait ses coéquipiers, dont Blake, en danger ? Il ne se le pardonnerait jamais.

— Carver, je peux te parler une seconde, demanda Ritter quand Sam passa à côté de lui, le ton assez bas pour que Makami et Blake ne l’entendent pas.

— Ouais, bien sûr. Qu’est-ce qui se passe ?

Il s’éclaircit la gorge et remit ses lunettes de soleil en place, une soudaine nervosité le prenant au corps.

— Je devrais te poser la question, rétorqua Ritter, avec un sourcil levé. J’ai remarqué que ces derniers temps, toi et Blake, vous vous êtes rapprochés, mais je ne pensais pas que c’était à ce point.

Ses oreilles chauffèrent à cette implication, et l’instinct de Sam lui intima de nier tout en bloc.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-il avec une expression le plus impassible possible.

—  Si tu le dis, répondit-il au bout de quelques secondes, incrédule. Écoute, je n’ai pas pour habitude de forcer les gens à avouer quelque chose qu’ils ne sont pas prêts d’avouer mais sache qu’on parle de mon meilleur ami ici. Je ne veux pas qu’il souffre.

— Je t’assure, Ritter, il ne se passe rien. Gallo et moi, on est juste ami.

Ritter sembla accepter son explication malgré son expression dubitative. Pendant que Ritter rejoignait les autres, Sam prit un peu de temps pour se remettre du coup de stress qu’il venait de vivre. Ritter savait, il n’y avait plus aucun doute, mais maintenant, Sam se demandait si Blake savait aussi (ce qui était bien probable). Si c’était le cas, Sam était persuadé qu’il pouvait dire au revoir à leur amitié.

Le reste de l’après-midi se passa tranquillement. Makami, Ritter et Gallo participèrent le plus à la conversation, alors que Sam restait un peu dans son coin. Plusieurs fois, ils essayèrent de l’inclure mais il n’arrivait pas à se sortir de la tête la conversation qu’il avait eue avec Ritter. D’ailleurs, ce dernier n’arrêtait pas de lui jeter des regards, comme des avertissements, qui devinrent trop lourds à supporter au bout d’un moment.

— Bon, fit-il quand il y eut une pause dans la conversation, je pense que je vais y aller.

Il rassembla ses affaires et se leva. Les trois autres semblèrent un peu surpris.

— J’te raccompagne, dit Blake en bondissant de sa place.

— Je peux me débrouiller seul, lui répondit Sam avec un sourire.

— Je sais.

La réponse simple couplée au regard plein d’espoirs de Blake firent chavirer un peu plus Sam dans le domaine qu’il considérait maintenant interdit pour sa propre santé mentale.

— OK. Allons-y, s'écria Sam, son cœur s’affolant à cette idée.

En chemin, et intimement conscient qu’ils étaient maintenant seuls tous les deux, Sam s’imaginait déjà le pire scénario : Blake s’était rendu compte du comportement de Sam, et il l’allait le rejeter. Il avait déjà vu Blake le faire avec des femmes, et il n’avait jamais été méchant ou humiliant, même s’il manquait parfois de tact. Mais ça ne voulait pas dire que Sam voulait l’entendre. Une partie de lui disait qu’au moins, il saurait à quoi s’en tenir, qu’il n’aurait plus à espérer, qu’il pourrait enterrer pour de bon ces sentiments qui ne faisaient que grandir à mesure qu’il passait du temps avec son coéquipier.

— Je me demandais si t’étais dispo pour prendre un verre ce soir ?

Les mains dans les poches, Blake avait un sourire en coin, qui tirait un peu sur de la gêne.

— Avec Ritter et Makami ?

— Hm, non, répondit Blake avec une grimace, j’pensais pas aller au Molly’s mais dans un autre bar. Pour être tranquille. Je voulais te parler d’un truc.

Oh non, c’était bien ce que Sam avait craint. Blake voulait lui parler seul à seul pour lui dire qu’il avait remarqué son comportement et que ce n’était pas possible entre eux.

— Désolé, j’suis trop crevé. Tu m’as bien fait souffrir aujourd’hui.

Blake hocha la tête et, malgré son sourire, semblait un peu déçu.

— Ça marche. On se voit demain ?

— Ouais, on se voit demain.

Blake ne partit pas tout de suite. Sam crut un instant qu’il allait lui dire quelque chose d’autre mais le jeune homme lui fit un signe de main en guise d’au revoir et le laissa à sa voiture. Sam n’arrivait pas à savoir s’il était déçu ou non de cette conclusion.


Le réveil fut difficile, mais pas aussi compliqué qu’il ne l’aurait pensé. Ça ne voulait pas dire que Sam n’allait pas se prendre un bon mug de café pour se réveiller. La veille, il avait tourné et tourné dans son lit, incapable de dormir après cette après-midi à la plage. Il avait cherché des réponses et des solutions à sa situation sans succès. Il allait devoir affronter Blake et Ritter sans moyen de retraite aujourd’hui.

Et ce fut avec la boule au ventre qu’il arriva à la caserne.

Il restait encore des personnes des équipes précédentes qui se préparaient à partir. Sam salua Cruz et Mouch qu’il rencontra en chemin. Il s’attendait presque à voir Blake et Ritter dans le dortoir mais les deux hommes n’étaient pas encore arrivés. Sam se sentit un peu coupable du soulagement qu’il ressentit en voyant qu’il avait le champ libre. C’était ça qu’il avait voulu éviter en ne disant rien.

Il rangea ses affaires à côté de son lit et ressortit pour rejoindre les autres dans la salle commune.

De loin, il repéra Kidd et s’avança vers elle pour la saluer. Malheureusement, elle n’était pas seule. Blake le vit en premier et lui sourit, un peu gêné. Kidd se tourna vers lui avec une expression inquisitrice.

— Gallo m’a dit que vous avez passé la journée d’hier à la plage. Tu n’as pas l’air d’avoir trop brûlé, commenta-t-elle, une étincelle dans les yeux, après l’avoir scruté.

— Je sais me protéger.

Il lui fit un clin d’œil avant de se tourner vers Blake.

— Gallo, dit-il en guise de salutation.

— Carver, répondit le jeune homme sur le même ton.

Le regard de Kidd fit quelques allers-retours entre Sam et Blake, se rendant bien évidemment compte qu’il existait une certaine tension entre les deux hommes.

— Je voulais savoir, fit Sam en se tournant vers Kidd, ignorant de ce fait Blake, s’il n’y avait pas quelque chose que je pouvais faire ce matin en attendant la prochaine intervention. Un truc à ranger, ou à nettoyer.

— Marrant que tu me demandes ça mais j’ai une tâche pour vous deux.

Oh non. C’était la pire situation qui pouvait arriver. Sam avait vraiment espéré être seul au moins durant les moments calmes entre chaque intervention.

— Écoutez-moi bien, commença Kidd en levant les mains pour démontrer son idée. Votre sortie à la plage m’a donné une idée et je me dis qu’on pourrait offrir un petit quelque chose de rafraichissant au le voisinage, et notamment les enfants. Et si on amenait la plage ici ?

Blake et Sam échangèrent un regard inquiet.

— Boden est d’accord ?

Kidd balaya la question d’un coup de main.

— Je vais lui en parler de ce pas, mais je voulais vous le dire avant pour voir si ça vous branchait. Alors, partants ? Je pense que ça pourrait être sympa pour tout le monde.

— Moi, ça me va, répondit Blake avant de s’adresser à Sam. Ça serait amusant de le faire à deux, non ?

Sam n’arrivait pas à savoir s’il se faisait des idées mais il lui semblait que Blake sous-entendait autre chose avec cette phrase.

— Parfait ! s’écria Kidd en claquant des mains sans attendre la réponse de Sam. J’en parle à Boden, et je vous tiens au courant. En attendant, vous pouvez toujours ranger le camion. Et le laver aussi si vous vous ennuyez tant que ça.

Avec un dernier sourire satisfait, elle les quitta abruptement pour rejoindre Severide qui passait par là.

— C’était pas vraiment ce à quoi je m’attendais, rit Blake en se passant une main dans les cheveux.

— Moi non plus.

Le silence gênant s’installa entre les deux hommes. Sam s’éclaircit la gorge.

— Bon, je vais—

— Moi aussi, répondit Blake.

Au lieu d’aller dans des directions opposées, Blake et Sam choisirent la même direction et se rentrèrent dedans avant qu’ils ne puissent s’arrêter. Les mains de Sam atterrirent sur les épaules de Blake et il dut se faire violence pour ne pas céder à la tentation de l’attirer contre lui ou, pire, de l’embrasser ici, devant tout le monde.

Les joues de Sam chauffèrent et après un sourire gêné, il s’enfuit dans les vestiaires. La pièce était heureusement vide, et Sam se laissa tomber sur un banc avec soulagement. Il se prit la tête dans les mains, l’envie de crier de frustration le prenant à la gorge. Putain. Cette situation commençait à devenir intenable. Depuis qu’il s’était laissé aller à penser à un futur possible avec Blake, c’était comme s'il avait appuyé sur un bouton dans son cerveau où chaque instant passé avec son coéquipier devenait une torture. Et comme d’habitude, il était pratiquement sûr qu’il allait tout faire capoter. Les vieilles habitudes n’étaient jamais très loin, hein.

Le bruit de la porte qui s’ouvrit attira son attention, et Sam se redressa, prétendant qu’il n’était pas juste en train de s’apitoyer sur lui-même.

Il était à moitié soulagé de voir Ritter entrer dans la salle. Ce n’était pas Blake (ouf) mais ce n’était pas non plus la personne qu’il aurait choisie. La pire aurait été sûrement Violet, pour dire la vérité. Elle était si protectrice de Blake.

Ritter s’appuya contre les casiers en face de Sam et croisa les bras sur son torse, tout en l’observant silencieusement. S’il ne commençait pas la conversation, Sam n’avait aucune intention d’en être l’instigateur.

— Je croyais qu’il n’y avait rien entre vous deux, dit finalement Ritter quand il se rendit compte que Sam restait dans un silence borné.

— Il n’y a rien, confirma Sam.

— Alors peut-être qu’il faut que ça change ?

Cette question choqua Sam plus qu’il ne l’aurait pensé. Il ne comprenait pas la position de Ritter. En quoi était-ce une bonne chose que Sam s’humilie à ce point ? Certes, Blake était peut-être confus par son comportement, mais c’était les sentiments de Sam, pas ceux de Blake. Il pouvait les garder pour lui s’il le souhaitait.

— Et qu’est-ce que ça te fait si je lui en parle ou non ?

— Ça fait que mon meilleur ami est au courant et qu’il ne se demandera plus pourquoi tu agis comme ça avec lui. Et pour toi aussi. Si j’ai remarqué ton changement de comportement avec Blake, je te parie que les autres aussi.

Sam serra les poings, une pointe de colère le piquant soudainement.

— Et ça te dérange pas ? demanda Sam, à la limite de la provocation.

Ritter eut l’air interloqué, puis un sourire incrédule s’étira sur son visage.

— Tu te rends compte à qui tu parles, non ? (Ritter rit.) Carver, tu crois que je vous en voudrais si Blake et toi sortiez ensemble ? Tu sais, c’est pas une compétition entre nous, on peut être plusieurs mecs homos ou bis dans une même caserne, ça ne va pas m’enlever mon statut.

Un peu perdu, Sam ne savait pas quoi répondre à ça. Ritter soupira et s’installa à côté de lui.

— Désolé, je voulais mettre un peu les formes, c’est sorti tout seul.

— Non, c’est moi, j’ai pas pensé… je suis—

Il s’arrêta et secoua la tête.

— Pourquoi est-ce que tu m’encourages comme ça ?

— J’ai connu ça, les questions, l’angoisse, et je ne le souhaite à personne. Et je suis plutôt pour que mon meilleur ami soit heureux, en fait.

— Comment est-ce que tu peux être sûr de ça ? demanda Sam. Je ne sais même pas si ça l’intéresserait—.

— Oh ! crois-moi, Blake n’est pas aussi innocent que tu le crois.

Le sourire de connivence de Ritter, le sous-entendu de la phrase ; tout arrivait bien trop soudainement pour Sam qui avait l’impression d’avoir trop de possibilités s’ouvrir devant lui d’un coup. Et si Blake ne le rejetait pas parce qu’il n’était pas attiré par les hommes mais parce qu’il n’était pas attiré par Sam tout simplement ?

— Oh là, Carver, je ne voulais pas te stresser autant. Qu’est-ce que j’ai dit pour te faire réagir comme ça ?

Sam secoua la tête et se leva.

— Non, rien, rien. Désolé. Je dois y aller.

Laissant un Ritter interloqué dans les vestiaires, Sam alla trouver la pièce où il pourrait être complètement seul pendant quelques minutes : les toilettes.

Dans la cabine, il s’assit et laissa toutes les pensées négatives remplir sa tête une bonne fois pour toutes. Après ça, il n’aurait même plus à y penser.

Il dut malheureusement quitter ce sanctuaire quelques minutes plus tard juste parce qu’il ne voulait pas laisser ses collègues se taper seuls les tâches. Et aussi, parce qu’ils trouveraient sûrement bizarre qu’il se planque dans les toilettes et ça amènerait beaucoup trop de questions.

Il réussit tout de même à éviter Blake, ou d’être toujours accompagné d’un autre collègue. Le bon plan, vraiment, était de lancer Mouch ou Hermann dans un débat, ou de les faire râler en bonne et due formes. De temps en temps, Blake passait dans la salle commune, une légère hésitation dans ses pas, mais il ne participait jamais. Ritter, de son côté, les observait d’un air impassible mais Sam commençait déjà à se demander s’il n’allait pas à nouveau se planquer quelques minutes aux toilettes.

Au moment de manger un peu, Sam décida d’aller aux toilettes (pour de vrai, cette fois-ci). Ce fut à ce moment-là que Blake coinça avant qu’il n’y arrive.

— Gallo, dit Sam avec une expression la plus impassible possible.

— Qu’est-ce que j’ai dit ? demanda Blake de but en blanc. Parce que je suis pas fou, t’es bien en train de m’éviter, donc j’ai forcément dit un truc ou fait un truc qui ne t’a pas plu. Juste… dis-moi ce que c’est et je changerai, j’arrêterai, promis.

Ça lui brisait le cœur de voir Blake aussi désespéré et blessé par le comportement de Sam. Ce n’était pas du tout ce qu’il avait voulu au départ. Tous les choix qu’il avait fait avaient été pour se protéger lui-même, l’égoïste qu’il était. Peut-être que Ritter avait raison et qu’il fallait juste qu’il avoue ses sentiments pour Blake. Ça allait sûrement briser leur amitié, sa confiance et leur relation professionnelle, mais Sam supportait encore moins de voir Blake aussi triste par sa faute.

— Je suis désolé, Blake, je voulais pas… ce n’est pas de ta faute. Cliché, je sais, ajouta-t-il avec un sourire qui ne contenait aucune joie, mais je… je dois te dire quelque chose qui me trotte dans la tête depuis quelques semaines.

La surprise et la confusion sembla se battre chez le jeune homme, mais il ne dit rien, il attendit que Sam veuille bien continuer. Mais la nervosité le prit soudainement et Sam semblait avoir perdu sa voix.

— Tu sais que tu peux me faire confiance, Sam, dit Blake. Je ne trahirai pas ta confiance.

Malgré le plaisir d’entendre son prénom prononcé par Blake, il fit la grimace. On lui avait déjà dit ce genre de phrases juste avant de le trahir, ou de le pousser dans un feu. Il dut se rappeler qu'il était en train de parler à Blake, et personne d'autre.

— Je n’ai pas envie que tu me détestes, avoua-t-il finalement.

— Pourquoi je te détesterais ?

Blake était si confus, ça en devenait presque mignon.

— OK. Alors, voilà—

Mais avant qu’il ne puisse révéler ses sentiments, l’alarme de la caserne retentit.

— Après ! s’écria Blake en se précipitant vers leurs véhicules.

Sam ferma brièvement les yeux en maudissant cette alarme qui lui avait fait perdre son élan et suivit Blake jusqu’au camion 81.


Dès que Sam posa le pied sur le sol de la caserne, il se départit de tout son barda et n’attendit même pas que Kidd lui dise d’aller prendre une douche. Sam était malencontreusement tombé dans les égouts pendant l’intervention, et tout ce qu’il souhaitait était de se nettoyer à fond, sans doute à l’eau de javel, pour se débarrasser de tout qui peuplait le système d’évacuation de Chicago.

Quand il eut terminé, il se rendit compte qu’il avait oublié ses vêtements de rechange. Avec un soupir, il entoura une serviette autour de sa taille et s’apprêtait à rejoindre le dortoir quand il fut arrêté par la présence de Blake, qui l’attendait dans le couloir. Sam était intimement conscient de la tenue peu vêtue qu’il avait et se demandait bien si quelqu’un ne voudrait pas l’enterrer quelque part.

— Toujours un bon timing, hein, fit Sam pour alléger la situation, tout en s’assurant que sa serviette n’allait pas tomber inopinément.

Blake ne semblait pas avoir envie de rigoler car il n’esquissa même pas un sourire. Sam ne savait pas trop comment réagir à ça.

— On a été interrompu plus tôt, répondit Blake, et j’aimerais vraiment finir cette conversation.

Sam, lui, aurait préféré ne jamais finir cette conversation. Il ne savait pas trop ce qu’il lui avait pris de commencer à avouer ses sentiments, comme ça, au travail alors que la fin de leur service n’avait même pas encore sonné.

— Si tu me laisses le temps de m’habiller, on peut continuer, ouais.

C’était son imagination où Blake venait de le reluquer et rougir, les yeux fuyants ? Mais avant que Sam puisse démêler le oui du non, Blake s’éclaircit la gorge et dit :

— Bien sûr. Je t’attendrai dans la salle de réunion.

Il s’en alla après un dernier regard que Sam ne sut pas comment interpréter. Le pompier soupira. Il allait falloir qu’il se prépare mentalement pour le coup probable qu’il allait recevoir. Ce n’était jamais fun de se prendre un râteau, encore moins quand la personne qui le donnait avait une place importante dans sa vie.

Sam prit tout son temps pour se sécher et s’habiller, nerveux malgré lui. Il n’avait aucune envie d’y aller, mais comme pour beaucoup de choses dans sa vie, il allait le faire. Il fallait juste qu’il enlève cette épine du pied puis il irait s’apitoyer sur son sort pendant quelques heures (ou jours), et tout irait mieux.

Enfin, c’était ce qu’il espérait.

Quand Sam se présenta devant la porte de la salle de réunion, il vit que Blake l’attendait, appuyé contre une table, les yeux dans le vague. Il n’avait pas encore remarqué l’arrivée de Sam. Ce dernier se donna encore quelques secondes pour ramasser le peu de courage qu’il possédait à ce moment-là et frappa à la porte avant d’entrer.

Le bruit fit tressaillir Blake qui se tourna vers Sam. Il eut l’air à la fois soulagé et… nerveux. Hum. Il ne s’était pas attendu à ça. Est-ce que Blake se sentait coupable de le rejeter ? Peut-être que leur amitié n’était pas complètement détruite finalement.

Sam pensa à fermer la porte derrière lui au cas où quelqu’un passerait dans le coin et prit place en face de Blake. Ce dernier s’était relevé de la table et sembla chercher ses mots.

— Je pense que je vais commencer—

— Sam, je voulais—

Ils s’arrêtèrent tous les deux quand ils se rendirent compte qu’ils avaient commencé à parler en même temps.

— Désolé, fit Blake. Tu peux y aller si tu veux.

Et Sam prit la voie du lâche.

— J’t’en prie, commence.

Si c’était possible, Blake sembla encore plus nerveux.

— OK, je suppose que je peux me lancer. (Il souffla.) Je crois que tu as dû remarquer que mon comportement avec toi a un peu changé.

Pas vraiment.

— Et il y a une raison à ça, continua Blake, l’air de plus en plus gêné.

Les yeux et les oreilles grands ouverts, pendant que son cœur cognait dans sa poitrine, Sam n’osa rien dire. Il voulait laisser Blake parler avant de se lancer dans le grand bain lui aussi.

— C’est pas facile à dire, dit Blake en se frottant la nuque, et j’ai franchement hésité à t’en parler mais… je me dis que l’honnêteté était la meilleure chose à faire.

Le jeune homme déglutit et rencontra le regard de Sam, même s’il n’avait pas son assurance habituelle. Mais ensuite, il planta ses pieds au sol, fixa Sam dans les yeux, avec l’attitude d’un mec qui s’apprêtait à se lancer dans une cascade dangereuse.

— Je ne m’attends pas à ce que tu me répondes ou que tu acceptes ce que je vais te dire mais je pense que tu mérites de savoir ce qui se passe. Carver— Sam, je pensais pas que mes sentiments pour toi évolueraient aussi drastiquement quand on a commencé à devenir amis.

Ce fut comme un choc dans le corps. Sam ne put réprimer sa surprise. Blake sourit tristement.

— Je me rends compte que ça te parait soudain, mais sans vraiment le vouloir, avec le temps, j’ai… je crois que je suis tombé amoureux de toi. Bien sûr, se dépêcha de dire Blake en reculant d’un pas, l’envie de fuir écrit sur son visage, tu n’as rien à faire, et je comprendrais si tu veux que je te laisse tranquille.

Oh non ! Blake allait partir en pensant que Sam ne réciproquait pas ses sentiments. C’était la meilleure chose qui aurait pu lui arriver, et il ne pouvait pas laisser Blake partir sans lui dire.

— Blake, attends !

La main sur la poignée de porte, le jeune homme s’arrêta et se tourna à moitié vers Sam, une expression déçue sur le visage, comme s’il s’attendait à un rejet, ou pire. Sans dire un mot, Sam s’avança vers lui, saisit gentiment le menton de Blake quand il fut assez près et l’embrassa sur la bouche. Son coéquipier se tendit de surprise, et, pendant un instant, Sam se demanda s’il n’était pas allé trop loin. Le doute fut vite balayé quand Blake décida d’approfondir le baiser de son propre chef.

Sam prit le visage de Blake dans ses mains et pressa son corps contre le sien. Blake passa ses bras autour de son cou et poussa Sam contre une table derrière lui. Ses mains voyageaient le long des épaules, des bras et du flanc de Sam, laissant derrière elles des lignes de frissons.

Ils durent se séparer pour reprendre leur souffle, mais aucun de deux n’avait envie de se décoller de l’autre. Alors que Sam remettait en place une mèche de Blake qui s’était échappée, les doigts de Blake trouvèrent un passage sous le t-shirt de Sam et firent émerger de nouveaux frissons agréables.

— Jamais je n’aurais imaginé… commença Blake avant de s’arrêter puis reprendre. Depuis quand… ?

Sam sourit, ne se faisant pas prier pour admirer les yeux de Blake maintenant qu’ils étaient si proches.

— Je sais pas trop, pour être honnête. Comme toi, j’ai eu l’impression que c’est arrivé au fur et à mesure.

— Et maintenant ? demanda Blake en chuchotant.

Sam allait répondre quand quelqu’un frappa durement contre la porte. Ils se séparèrent d’un coup et firent volte-face vers la personne qui les regardait à travers la vitre. Ritter avait l'air peu impressionné, mais il ne semblait ni choqué ni horrifié par ce qu’il venait de voir.

— Je crois qu’on va devoir attendre un peu avant de pouvoir en parler, hein ?

Blake lui sourit.

— Ça me dérange pas. Bar ou… ?

— On peut faire ça tranquillement chez moi ? proposa Sam, sans arrière-pensées au départ, mais qui débarquèrent au galop quand Blake se mordilla la lèvre délibérément.

— Chez toi, alors, après le travail, confirma Blake, un sourire mutin sur les lèvres.

Il embrassa rapidement Sam sur la bouche et rejoignit Ritter dans le couloir.

Quand Sam sortit à son tour, il fut étonné de voir que Ritter était resté mais pas Blake.

— Tu n’es pas surpris ?

— Pas vraiment. C’est moi qui l’ai convaincu d’aller te parler.

Sam lâcha un petit rire. Il aurait dû s’en douter.

— Merci.

— Il fallait bien que quelqu’un vous aide, vous étiez désespérants. 

— Je te revaudrai ça un jour.

— Toi et Blake, répondit Ritter avec un sourire. Allez, Kidd voulait vous parler d’un truc, la plage à la caserne ? (Il haussa les épaules.) J’ai pas trop compris, mais tu devrais y aller.

Merde. Il avait complètement zappé cette histoire de plage à la caserne. Mais étonnamment, l’idée d'organiser cette activité avec Blake promettait d’être bien mieux que ce qu’il avait pensé.